
David PORTES, Secrétaire Général FPIP
Discours du SG Congrès 2025
C'est un honneur immense et un privilège renouvelé que de me tenir devant vous aujourd'hui, ici, au cœur de notre Congrès. Un moment à la fois solennel et stimulant, où nous nous retrouvons pour faire le bilan du chemin parcouru, éclairer les défis à venir, mais surtout, pour réaffirmer, ensemble, les valeurs qui nous animent et nous distinguent. C'est ici que se fabrique la force de la FPIP pour les années à venir.
Je suis fier, profondément fier, d'appartenir à cette organisation syndicale qui est la nôtre : la Fédération Professionnelle Indépendante de la Police. Et cette fierté n'est pas sans raison. Car la FPIP, mes chers amis, n'est pas un syndicat comme les autres. La FPIP fête ses 52 ans cette année ! Cela fait 52 ans que la FPIP est le plus ancien syndicat de police de notre pays à avoir maintenu son nom, à avoir conservé son identité, son intégrité, précisément parce qu'elle n'a jamais dévié de sa ligne. Nous sommes l'épine dans la botte dans le foin, pour l'administration et pour les majoritaires confédérés. Et nous en sommes fiers !
Rapport Moral et Bilan des 5 Années Passées : Notre Force, l’Indépendance !
Au cours du mandat qui s'achève, ces cinq dernières années, nous avons œuvré, sans relâche, pour vous. Pour chaque policier qui fait la force de notre institution. Notre rapport moral témoigne de notre activité intense.
Je tiens à souligner d'emblée une avancée majeure et un symbole de notre gestion rigoureuse : en 2016, nous portions une dette de plus de 50 000 euros. Aujourd'hui, je suis fier de vous annoncer que cette dette est entièrement remboursée. Aucun problème sur nos comptes, aucune zone d'ombre. C'est le fruit d'une gestion saine et d'une détermination à ne jamais dépendre de personne.
Nos actions, nos tracts, nos communiqués, visibles sur fpip.net, en sont les témoignages concrets. Nous avons été là, sur tous les fronts :
Pour la défense individuelle de nos collègues, souvent injustement mis en cause, parfois seuls face à l'administration ou à une justice qui oublie la présomption de légitime défense. Nous avons apporté notre soutien juridique, notre écoute, notre présence, prouvant que derrière l'uniforme, il y a des hommes et des femmes qui méritent respect et équité.
Nous avons modernisé notre communication pour être au plus proche de vous, où que vous soyez. La création de notre nouveau site internet, l'ouverture de nos pages Instagram et même la création de notre compte TikTok ne sont pas des gadgets. Ce sont des outils pour porter votre voix, nos messages, pour montrer la réalité du terrain et déconstruire les caricatures.
Nous avons interpellé sans concession sur l'état de nos moyens et de nos conditions de travail. Locaux parfois vétustes, matériels insuffisants, effectifs au bord de la rupture … Nous avons mis en lumière ces réalités du terrain que l'on tente trop souvent de masquer derrière des chiffres ou des discours politiques.
Nous avons exercé une vigilance constante sur les réformes statutaires, alertant sur les pièges, les reculs masqués, les atteintes à nos carrières et à nos droits, défendant bec et ongles le statut protecteur qui est le nôtre.
Et oui, nous avons aussi été bien plus qu'une force de proposition : une force d'alerte, un gardien de la déontologie, exigeant le respect de l'uniforme, l'exemplarité de tous, et dénonçant sans peur les entraves ou les dérives.
Parlons clair. Pendant que nous gérons nos comptes avec rigueur pour assurer notre indépendance, les syndicats siégeant au CTM reçoivent, eux, une subvention conséquente. Une subvention qui, officiellement, doit leur éviter tout démarchage auprès des entreprises. Mais soyons honnêtes : ne sert-elle pas aussi à calmer les ardeurs ? Nous, notre unique subvention, c'est l'adhésion de chaque policier qui croit en nous.
Nous avons vu le manque de courage dans notre chère maison Police. Ce courage qui fait défaut, nous le payons aujourd’hui. Quand on signe des protocoles en échange de grades ou du RULP, quand bien même il n'y a pas de budget, c'est le signe d'un syndicalisme à bout de souffle qui passe des compromis sur le dos des collègues.
Ne soyons pas dupes. La Police est pilotée aujourd'hui par des élus et des représentants du personnel qui, pour beaucoup, au-delà des beaux discours, n’ont qu’un seul objectif : leurs carrières personnelles. Mais cela, ce n'est pas la FPIP.
La FPIP, mes chers amis, c'est le syndicat qui fait dire le droit ! Combien de fois avons-nous agi en justice pour faire réparer des injustices ? Rappelez-vous nos recours sur le thème des avancements en 2017, 2018 et 2019 ! Nous avons fait condamner l’administration ! Oui, nous l'avons fait, contre vents et marées, quand d'autres préféraient se taire ou négocier des miettes. Nous avons obtenu la réintégration de collègues injustement écartés. C'est ça, la force juridique de la FPIP, c'est ça, faire dire le droit ! Nous avons d’ailleurs des collègues qui en sont l’exemple ici présents…
La FPIP, c'est aussi un syndicat visionnaire ! Relisez nos dossiers, nos communiqués les plus anciens. Qui alertait sur les retraites bien avant la dernière réforme ? Qui avait analysé en profondeur les dangers des réformes de la fonction publique ? Qui avait mis en garde contre le fameux protocole de 2018 ? Qui a toujours réclamé la juste valorisation de nos heures supplémentaires et de nos ASA ? Nous ! La FPIP ! Nos documents, nos analyses de l'époque sont des dossiers "prémonitoires". Nous ne courons pas après l'actualité, nous la lisons, nous l'anticipons, forts de notre connaissance du terrain et de notre indépendance d'esprit.
L'avenir se dresse devant nous, avec son lot de défis, toujours plus complexes.
La sécurité publique est au cœur de toutes les préoccupations. Terrorisme, cybercriminalité, une délinquance du quotidien toujours plus agressive… Les missions de la police s'intensifient, et les attentes de nos concitoyens sont immenses. Cela exige des moyens à la hauteur, non des promesses.
Nos conditions de travail restent une préoccupation majeure. La surcharge de travail, le manque de matériel, les pressions incessantes de la hiérarchie mettent à rude épreuve le moral de nos effectifs. Et je le dis avec force : la violence inacceptable contre les forces de l'ordre ne peut plus être tolérée. Elle appelle une réponse judiciaire, ferme et implacable.
Il faut rendre à la Police l’honneur, le prestige de ses armes, le prestige de son uniforme de ses missions la fierté de son engagement et leurs moyens d’action.
Les policiers sont depuis trop longtemps des soldats sans victoire.
L'image de la police est trop souvent salie, attaquée injustement, par ceux-là même qui devraient la défendre ou nous donner les moyens de nous défendre. Nous devons, plus que jamais, défendre avec fierté notre profession, expliquer notre rôle, et rappeler l’engagement de chaque policier.
Face à ces enjeux, le rôle du syndicalisme est essentiel. Nous sommes le garant de vos droits, la voix qui porte vos revendications, celle qui refuse le silence face à l'injustice.
Donnons de l’honneur à la police et elle sera applaudie comme les képis blancs.
Nous approchons des élections professionnelles. Et là encore, soyons lucides. Nous avons été témoins de manipulations indignes : le vote électronique, censé être un progrès, a vu certains délégués ne pas hésiter à récupérer des codes dans les poubelles, d’autres les dérobant dans les placards de collègues. C'est une honte ! Nous ne céderons jamais aux mêmes pratiques. Notre force, c'est l'honnêteté, la conviction et le travail.
Pour ces élections, j'attends de chacun de vous un engagement total. Chers délégués, vous êtes les porte-paroles de la FPIP sur le terrain. Vous avez un rôle crucial : demandez aux collègues ce qu'ils aimeraient voir, quelles sont leurs préoccupations, leurs attentes. Écoutez-les. Ensuite, levez-vous et faites adhérer vos copains et copines ! Parlez autour de vous de nos actions, de nos victoires, de nos échecs même, mais surtout de notre intégrité. Citez nos actions, prouvez notre crédibilité par les faits.
À la FPIP, nous devons rester fiers. Fiers d'être des femmes et des hommes de convictions, avec des valeurs républicaines et patriotiques chevillées au corps. Des valeurs que nous ont transmises nos aînés, celles d'un syndicalisme intègre. Pas de vendus, pas de compromission, pas de prostitution auprès d’une confédération ! Nous ne sommes pas à vendre. Notre indépendance est notre richesse et votre garantie.
C'est cette ligne, cette droiture, qui fait de nous l'épine dans la botte de foin. L'épine qui rappelle à l'administration qu'il y a un syndicat qui ne plie pas, et aux majoritaires que l'on peut exister sans être confédéré, sans être subventionné par l'argent public pour faire de la figuration.
Et d'ailleurs, parlons argent et reconnaissance ! La FPIP militera sans relâche pour l'arrêt total des subventions aux confédérations syndicales ! Ces millions d'euros perçus, ce sont des millions qui pourraient être récupérés par l'État pour servir nos policiers ! Et nous avons une proposition concrète pour cet argent : nous demandons la fin des primes individuelles, souvent sources d'injustice et contraires à l'esprit d'équipe qui est l’essence même de la police. À la place, nous proposons de flécher cette économie, couplée à celle des subventions syndicales, vers le financement d'un treizième mois de salaire pour tous les policiers et agents du MI, entièrement pris en compte pour le calcul de votre retraite ! C'est un acte de justice, de reconnaissance collective et de bon sens financier !
Et nous ne nous arrêterons pas là. La FPIP s'opposera farouchement à l'octroi de nominations RULP (Représentant Unique du Personnel) aux délégués syndicaux ! Ces "promotions" déguisées, ces carrières parallèles, entachent l'indépendance syndicale et détournent les représentants de leur mission première : la défense des policiers sur le terrain. Fini les privilèges ! Fini le laxisme !
De même, il est essentiel de remettre à plat la gestion des deniers publics et des marchés ministériels. Combien de millions d'euros sont dilapidés chaque année parce que nos ministères sont contraints d'acheter du matériel, des fournitures ou des services à des prix absolument prohibitifs, sous prétexte de marchés publics mal ficelés ou de monopoles ? La FPIP exige une transparence totale et une révision de ces pratiques qui saignent nos budgets et privent nos collègues de moyens décents ! Cet argent, c'est le vôtre, le nôtre, celui du contribuable, et il doit servir aux policiers !
Enfin, et c'est un engagement majeur : quand un collègue est attaqué, quand un policier est mis en cause, la FPIP, forte de sa détermination et de son expertise juridique, sera toujours la première à vouloir créer une intersyndicale. Car face à l'injustice, face à l'adversité, il n'y a pas de couleur syndicale qui tienne. Il n'y a que la solidarité de l'uniforme. Nous porterons la voix de tous les policiers. Ensemble, nous serons une voix puissante et implacable pour défendre la dignité, l'honneur et l'intégrité de chaque membre de nos forces de l'ordre !
Je vous remercie pour votre confiance passée, et j'ose espérer votre confiance pour le mandat à venir. Mon engagement personnel, et, celui de toute l'équipe de la FPIP, est total et renouvelé. Nous continuerons à servir nos collègues avec la même passion et la même exigence.
Ensemble, forts de notre indépendance, de notre professionnalisme et de notre proximité, continuons à porter haut les couleurs de la FPIP.
Pour paraphraser Victor Hugo, en ce jour, l'avenir le plus lumineux est basé sur un passé oublié, mais la FPIP n'oublie jamais d'où elle vient pour savoir où elle va.
Notre force n'est pas dans le nombre, mais dans la droiture. Et notre droiture est notre fierté.
Vive la FPIP ! Vive la FRANCE !


Prononcé lors du Congrès 2025
Chers collègues, membres de la FPIP de France,
Avant toute chose, je voudrais que nous observions un instant de recueillement, pour tous les collègues qui nous ont quittés cette année. Ceux tombés en service, ceux qui nous ont quittés brusquement, ou après un trop long combat. Leurs âmes veillent sur nous. Leur sacrifice nous rappelle la noblesse de notre mission, mais aussi le prix parfois lourd qu'elle exige. Je vous invite à observer une minute de silence.
(Minute de silence)
Merci.
